la petite histoire

citation qui va bien ici même

« Rhéa ne t'approche pas trop près des lions ... » « Oui papa. » Dit la petite rouquine au sourire rayonnant et au pas de course galopé. Mais au fond d'elle, elle sait que ces avertissements passent par une oreille pour y ressortir par l'autre. Rêveuse, parfois à l'ouest et souvent insouciante, elle ne prête pas attention au danger qu'elle court. Elle est heureuse, rigole pour un rien et gambade près des cages comme on gambade dans un champ de fleurs. Enfin elle fait face aux bêtes, aux lions, au danger. Elle s'approche encore et encore. Sa main effleure les barreaux, le monstre se réveille et sort les crocs. Effrayée, la petite fille hurle à la mort en se laissant tomber sur les fesses. Rapidement, son père accourt pour rejoindre son bébé. Mais il lui hurle dessus. Petite rebelle dans l'âme, elle a l'habitude. Adepte des bêtises, la routine veut qu'on lui gueule dessus après. Qu'on lui dise qu'elle est bête, inconsciente, stupide. Elle réagit toujours de la même manière, en souriant. Petite effrontée. Rapidement, elle vole et se colle sur sa joue. Une claque. Elle lance un regard sanglant à son paternel avant de déguerpir. Il est ignoble, odieux, ce n'est pas le lion le monstre, c'est lui.

Il fallut qu'elle disparaisse pour qu'enfin elle réagisse. Écrasée par l'imposante personnalité de son vieux, elle vit dans son ombre depuis sa naissance et se contente d'enchaîner connerie sur connerie pour le faire chier. Elle n'est pas la préférée, c'était elle. Sa sœur. Plus belle, plus intelligente, plus douée. Rhéa n'a jamais été jalouse, au contraire, elle aimait sa sœur. Mais détestait la réaction de son père. Alors lorsqu'elle a chuté pendant une représentation et que son cheval l'a écrasé, Rhéa sut qu'elle n'y survivrait pas. Une chute mortelle. La mort de cette sœur adorée, adulée, admirée, fut le déclencheur de sa rébellion. Décidée à ne plus se laisser faire et à ne plus supporter cette vie qui devient trop étouffante, voilà que la jeune demoiselle prend sa vie en main. Même si elle est baigne dans ce milieu depuis sa naissance, celui du cirque et qu'elle y est attachée, une telle vie n'est plus supportable. Son corps lâche, ses muscles. Acrobate, c'est terminé pour elle. Devant la roulotte de son père, elle frappe à la porte déterminée. Il ne tarde pas à lui ouvrir. Les yeux embués de larmes, il lui fait signe de dégager. Mais elle n'est pas d'accord et lui bloque la porte. Enfin, elle prend la parole. « Je me casse, je ne veux plus vivre ici, maintenant qu'elle est partie, plus rien ne me retient ... ». Elle lui lance un dernier regard. Il a l'air con, figé sur place et la bouche entrouverte. Sauf qu'elle s'en fout.  Elle se retourne et s'en va.

Comment peut-on vivre dans un endroit aussi sombre et peu chaleureux ? Heureusement qu'elle emménage pour arranger ce tire. « Que fais-tu ? ». Pot de fleurs en main, Rhéa se retourne, large sourire aux lèvres. « J'arrange cet endroit .. ». Elle ne lui donne pas le choix. Ce mec est intriguant, déprimant, ça ne va pas lui faire de mal un peu de couleurs dans sa morne vie. Elle dépose délicatement les fleurs sur la table. Une composition de sa création et elle en est fière.  Depuis qu'elle a quitté le cirque et sa famille, elle est passée par beaucoup de galères pour finalement trouver un travail dans un fleuriste. Un métier auquel elle a été formée et qu'elle adore. C'est sa vie dorénavant et sa grande passion. Si elle pouvait vivre dans un monde de fleurs, elle le ferait. En attendant, elle se contente d'en mettre dans chaque pièce de cet appartement. Et Sweeney l'observe d'un œil attentif et curieux. Pourtant il ne dit rien. Tant mieux. Sans doute qu'au fond, il sait qu'il en a besoin, de chaleur.