« Je suis désolée de vous l’apprendre mais votre fille souffre d’un cas rare d’insuffisance cardiaque chronique chez l’enfant. » expliqua le docteur à ma grande blonde écervelée de mère. « Ce qui veut dire ? » Le docteur soupira alors que moi, du haut de mes huit ans, j'ouvrais grand les oreilles essayant éperdument de comprendre les mots compliqués que le monsieur racontait à ma mère. « Son cœur n’est pas capable d’assurer la bonne circulation de son sang. Ce n’est pas mortel, tout du moins pas ... à court terme mais elle ne pourra pas faire d’activités demandant à son cœur une trop grande activité. » Le docteur s’excusa et s’éloigna alors que ma mère se mit à me serrer la main de plus en plus fort, se dirigeant vers la sortie. « Aïe maman, tu me fais mal ! » murmurais-je, essayant idiotement de ne pas attirer l'attention. « Tu le mérites. » me répondit-elle, froidement.
« Et ça c’est le jour où j’ai découvert que j’avais une insuffisance cardiaque chronique. C’est pas si grave que ça, faut pas vous faire du la peine pour moi, faut pas trop que je fasse des folies quant on y vient aux plaisirs de la chair ou mon cœur suit plus. Toute sensation forte à vrai dire. Mourir dans les bras de son amant, personnellement je trouve ça tragique. Enfin vous en faites pas pour moi, je trouve toujours une solution. » dis-je un sourire aux lèvres. Certains rigolèrent, certains s’offusquèrent, certains ne faisaient même pas attention. Personnellement je m’en foutais. C’est mon docteur qui m’avait convaincu de venir à un de ces meetings. Parce qu’il était sûr et certain que ça m’aiderait. Apparemment ma tendance à ne pas trop m’en faire vis à vis de ma maladie n’est pas bien vu par le corps médical et il y a donc forcément quelque chose qui ne va pas bien avec moi. Mais non. Je prends simplement ce que la vie me donne pendant que je suis encore en vie. Je suis stoïque face à la situation, je supporte ce qu’il m’arrive sans me plaindre contrairement à ses ignares qui croient vivre les pires souffrances lorsqu’ils se cognent le coude sur un coin de table. Je dois l’avouer, ça fait un mal de chien mais faut pas exagérer. « Alors, pourquoi ‘Lux’ ? » demanda un jeune homme assis en face de moi. L’explication j’avais envie de la garder juste pour moi. Lux, à l’origine c’était mon père qui m’avait surnommé comme cela. Prof de français et de latin, lorsque je suis née c’était le prénom qu’il avait à l’esprit mais ma mère étant le tyran qu’elle est n’a pas voulu parce que Lux ça ne lui plaisait simplement pas. En grandissant, le surnom a juste apparu à un moment ou à un autre et  est resté au fil du temps. Alors pourquoi ‘Lux’ ? Parce que Lux en latin veut dire lumière et que j’étais pour mon père comme la lumière de sa vie, comme il était la mienne. Lorsque l’on a appris pour ma maladie, cela avait encore plus de sens. La lumière au bout du chemin. Vivre sa vie au jour le jour et tout ce genre de magnifique connerie. Mais cette explication je la garde pour moi. Parce que c’est personnel. Parce que c’est un des seuls souvenirs qui me reste de mon père. « C’est pas bien compliqué tu sais, j’aime la luxure. Alors Lux. Aussi peu recherché que cela vois-tu. » dis-je. Un sourire en coin apparut sur sa figure et l’envie de l’effacer à coup de pelle me pris soudain mais je restais assise, comme le patient modèle que mon docteur voulait que soit.