C'était une nuit d'horreur qui se mêlait à l'étrange parfum de l'ivresse. Une nuit qui déposait les tentations à la frontière du possible. C'était la douce pâleur de la lune qui éclairait depuis longtemps déjà la chambre. Tout semblait suspendu dans un vide immense, un instant figé dans l'univers. Au loin, un cri perça subitement le silence glacial. Il avait peur. Il entendait encore résonner, derrière lui, l'horrible fracas de son reflet qui s'était brisé contre le sol de la pièce. Ce soir-là, il avait eu peur de ce qu'il avait vu. La violence s'était insinuée sur son corps dénudé et s'était affirmée à chacun des roulements de son coeur. Son torse, couvert de plaies. Ses yeux, tous vides. Il n'y avait eu que le désespoir qui était parvenu à donner une triste couleur à son regard. Noir, gris, aucune nuance. Son image avait été morte. Alors, dans la lumière sinistre de la pièce, il avait hurlé. Une vision d'horreur le frappa brusquement, ses démons revenaient. Tous. Il se mit à trembler, il attendit un moment. Tandis que des gouttes écarlates se mirent à tomber sur le plancher, il ferma les yeux. Un dessin intérieur lui permettait de ne pas entièrement sombrer dans l'oubli. Du moins, s'en persuadait-il. Devant lui, s'esquissa alors la vague silhouette d'une femme. Il chavira autour d'une flamme scintillante. Les battements de son coeur emplirent la pièce, la flamme se mit à trembler. Ses oreilles bourdonnèrent de fatigue et son corps se raidit. Non, il ne voulait pas. Pas ce soir. Il ne voulait pas tomber dans l'erreur, plus jamais. Un soupir s'échappa de ses lèvres, il essaya d'ouvrir les yeux. Mais il avait peur et il n'arrivait pas à ouvrir les yeux. Il n'arrivait pas, malgré tous ses efforts. Il remarqua subitement que quelque chose lui caressait la main et il sursauta. Il n'était plus cet enfant sauvage, effrayé par son propre reflet, par sa propre ombre, non. Une voix résonna dans son esprit. Si, bien sûr qu'il l'était, il l'avait toujours été. « ta gueule, espèce de fils de pute. » murmura-t-il, aussitôt. Il voulait faire taire ses démons, faire taire ses problèmes. Il aspira l'air, tout autour de lui. Ses poings se crispèrent, il ouvrit les yeux. Son regard se posa sur ses mains. Ses doigts étaient collés par du sang séché. Un peu plus bas, des morceaux de miroir brisés crissèrent sous son poids. Son regard se posa sur l'un d'eux et il resta immobile. Une éternité s'écoula avant qu'il ne reprenne son souffle. Son pied se souleva et se posa sur les éclats de verre avec une force qu'il ne connaissait pas. « pédale. » dit-il. Il jeta un regard à la lampe qui l'éclairait, il la laissa allumée. Lorsqu'il quitta la pièce, le bruit du miroir qui s'écrasait sur le sol résonnait encore à ses oreilles. Comme un cri perdu dans l'infini.
Il aimait marcher au-delà des ténèbres, là où ses démons ne pouvaient pas le ronger. Il aimait marcher sur le bitume, là où son reflet ne pouvait pas le torturer. Un râle s'échappa de ses lèvres, entrouvertes. Au fond, ils avaient raison, il n'avait pas changé. Lâche, violent, alcoolique, fou. Toujours cette soif d'ivresse. Toujours cette faim de problèmes. Toujours cette lente et terrible brûlure aux yeux. Et il avait toujours cette sensation désagréable aux mains. Il s'apprêtait à faire demi-tour, prêt à abandonner son obsession pour l'alcool, quand bientôt, se détacha devant lui le néon du bar. Il rejoignit l'endroit en quelques enjambés. Pendant trop longtemps, il avait retenu son envie de boire. Il ne pouvait plus attendre une seconde de plus, alors il entra. L'endroit était lugubre, faiblement éclairé par quelques lampes. Pour on ne sait quelle raison, la salle était pleine ce soir-là. Comme à son habitude, Braam resta sur le seuil de la porte pour chercher une cigarette. Une horrible fascination se dégageait de ces gens, mais il était incapable de dire pourquoi. Il trouva finalement une clope dans la poche de sa veste, il l'apporta au creux de ses lèvres et l'alluma. D'un pas lent, il s'avança jusqu'au comptoir. « comme d'habitude. » dit-il, sur un ton autoritaire à la serveuse. À quelques mètres de lui, il vit une jeune femme. D'abord, il l'avait observée. C'était la première fois qu'il la voyait ici, une nouvelle proie à son tableau de chasse. Belle, elle l'était très certainement ; alors il admira quelques instants ses jolis yeux bleus sur ses traits fins, ses lèvres charnues, pulpeuses et son corps fins. D'habitude, il n'aimait pas les brunes. D'habitude, il n'allumait pas non plus sa cigarette s'il n'était pas assis au comptoir. Mais il n'était plus lui-même, pas ce soir, en tout cas. Il s'installa sur le siège voisin et quand la femme sortit, elle aussi, une clope de son sac, engagea la conversation. « du feu, peut-être ? » dit-il calmement. Il lui tendit son briquet, sans attendre sa réponse. Elle le remercia, et alluma sa clope. La serveuse apporta finalement un verre, le sien, et il n'écouta plus la brune, préférant étancher sa soif d'ivresse.
Mika'îl Cole
◭ messages : 77 ◭ arrivé(e) le : 28/12/2013
Sujet: Re: gonna need a spark to ignite (mika'îl et braam) Lun 30 Déc - 17:45
Another head aches, another heart breaks I am so much older than I can take And my affection, well it comes and goes I need direction to perfection
BRAAM & MIKA'ÎL
Mika’îl l’ange aux manières de démon. Mika’îl il est adorable. Mika’îl n’est même pas adorable, même pas acceptable, même pas minable. Mika’îl il est unique. Mika’îl n’est même pas unique, même pas modique. Mika’îl il est le précieux qui ne vaut rien. Rien que la valeur qu’on lui impute. Il est ce billet vert, ce papier froissé par tant de mains, tant de paroles. Le billet qui n’a de réelle valeur que celle qu’on veut bien lui donner. Il est l’artifice et son vice. Vendeur de rêve sans investir un seul centime. Il est le rat porteur de peste qui d’un seul coup de griffe vous éviscère. Il est beau, il est solaire, les yeux luisants comme ceux d’un chat. Un chat noir et les cancans. Le bruit qui court et qui atteint vos atours, d’une main leste se glissant dans les recoins. Il est l’horrible qui d’un seul coup d’œil diaphorétique vous arrache vos biens. D’un seul sourire, d’un seul câlin. Mika’îl – il fend la nuit noire, dansant avec les ombres, fiévreux dans des ballets diaboliques. Il est hypnotique. « Ma couille, t’en penses quoi ? » - sa tête se penche imperceptiblement, comme toujours, d’un côté, il est penché, comme ce vieux cadre, désabusé, il prend poussière. Celle des étoiles. « Quoi donc, Andro ? » ses lèvres se meuvent dans une expression d’abus, libidineuse pourtant sans équivoque : « L’after au Plaza Center. Ça fait dix-fois que j’répète, putain ! » et dix-fois qu’il n’en a strictement rien à foutre, pauvre Alejandro qui ne mérite pas un ami si indécis. Mika’îl avait l’esprit ailleurs, ailleurs au pays du possible. Là où qu’importe l’extraction, tout le monde se ressemble. « Non, sans façon, les bains de foule ont eu raison de moi » non sans façon, non sans raison. « Bordel, t’aurais pu le dire avant, j’aurai fait économie d’salive » - son meilleur ami foule l’asphalte d’un pas tonitruant – il prend la direction opposée. Mika il se retrouve, encore, seul. A croire que. Que c’est là un de ses travers, peut-être qu’il la recherche, sa solitude. Peut-être que c’est d’elle qu’il est si tristement épris, lui. Un sourire déforme sa géographie faciale – comme un pli catastrophique. Le résultat consécutif d’une entreprise bien foireuse. La nuit est jeune, il trouvera bien quelque chose à faire pour violer les heures, l’ignoble. Le beau brun avance, il laisse inconsciemment ses pas le mener là où un brouhaha règne, derrière les vitres, la chaleur l’appelle et, il décide de se laisser aller à. A quoi ? A quelque chose. Il est là, impérial, dans son costume gris. Son costume morne mais cher. Son apparat lui confère toute sa superbe, celle-là même qu’on lui envie. Sans, il ne serait rien. Il redeviendrait Mika-qui ? Personne. Ses iris coulent avec lenteur autour de lui – embrassent les visages défigurés par la fatigue ou par la vigueur du poison qui se déverse dans leurs veines. Tantôt renfrognés, tantôt joyeux. Ils ont chacun l’alcool à leur façon. Lui, l’alcool le rend mélancolique. Un brin colérique. L’alcool lui renvoie à la figure l’imperfection qui le caractérise. L’alcool lui rend la vue. Et là, parmi les carcasses, il le voit lui. Lui – le miséreux. Son miséreux. Ses poings se resserrent, c’est qu’il ose flirter, clope au bec, avec une demoiselle qui n’a rien mérité. Et comment donc, se permet-elle d’approcher ce qui porte déjà son nom ? Estampillé comme une marque de propriété sur le flanc. Et ces lettres princières. Potentat – d’un pas léger, il avance. Il incise l’air et se retrouve lui aussi à poser ses mains sur la table : « Fumer tue », il lance, captant aussitôt l’attention de la salope aux mirettes d’un bleu chaleureux, aux lippes comme un fruit rouge qui appel à bien des choses. Un seul regard pour l’étiqueter, un seul regard pour en connaître tous les rouages. Les filles comme elle sont. Elles sont : fallacieuses, risibles. Fausses. Tout est made in china – même les cils. Mika’îl s’installe, Mika’îl se pavane – trop sûr. Sûr de lui, il déflagre toute sa présomption, sa perversion – un seul sourire détonateur et c’est les vrilles dans les cœurs. Bandit. Hold up. Il reporte ses iris sur l’énergumène, ce maudit blond qui se croit. Putain, il se croit « trop » alors qu’il n’est qu’une soustraction à l’équation globale. « Toujours là où la picole est bon marché », il hèle la serveuse et délicatement, chipe la cigarette des doigts de, de comment elle s’appelle d’ailleurs ? Machin, dirons-nous. Sans un merci. « Tu ne m’avais pas dit que tu serais en si bonne compagnie » - enjôleur, il se concentre sur madame, laissant sous-entendre une complicité qui n’existe pas. Pas entre ces deux-là. Plus entre ces deux-là. Plus jamais. Braam l’aigrefin, l’ingrat, le merdeux qui d’un revers balaie. Il prend une profonde latte et sensuel la souffle au cou d’une brune vachement facile. C’est l’éthanol qui la rend si conne. Si – mais quelle fadeeeeeeeeur… « Toujours aussi grossier, Braam. Ne fais-tu pas les présentations ? » et à voir son regard si peu affable, il devine que même le bougre ne s’y est pas penché. A croire qu’il se doit d’inculquer les bonnes manières. « Peuh. Peu importe » son whisky déposé face à lui, il chope le verre et porte le breuvage à ses lèvres, le sésame toujours en équilibre entre ses doigts. Il y a comme un air. Un air de vieil opéra qui résonne à ses oreilles. Un air farceur, un air Jagaciakien. Le taureau porteur de corne qui voit surement rouge. De toutes les couleurs. Sauf de la bonne, visiblement : « Qu’est-ce qui te fait une si sale figure ? ». Evidemment qu’il le sait déjà.
Braam Jagaciak
◭ messages : 134 ◭ arrivé(e) le : 28/12/2013
Sujet: Re: gonna need a spark to ignite (mika'îl et braam) Jeu 2 Jan - 10:58
Une brûlure infernale se déchainait en lui et il en savourait ardemment la souffrance. « Fumer tue » entendit-il. Cette voix, il pouvait la distinguer parmi des milliards de cris infernaux. Cette voix, il la méprisait plus qu'il ne se méprisait lui-même. Au fond, il l'avait presque toujours détestée, cette voix. C'était la voix de tous les défis, la voix de toutes les tentations. Il ne voulait pas l'entendre, pas ce soir, jamais. Il ne voulait pas voir cette insupportable énergumène se pavaner devant lui et lui rappeler ô combien il était pathétique. Il le savait déjà, qu'il était pathétique. Il l'avait toujours su, mais Mika'îl se plaisait à le lui rappeler. Et il le détestait, il le méprisait. Mika 'îl, il avait toujours été meilleur en tout. À dire vrai, il lui rappelait un peu Gabriel, son défunt ami. C'était un enfoiré de première catégorie, un vrai salaud qui aimait les salopes. On aurait pu croire qu'ils étaient pareils, mais Braam ne ressemblait en rien à Mika 'îl. Il était pauvre, alcoolique et il avait raté sa vie. Mika 'îl, il vivait dans l'or et le luxe. Ça aussi, c'était méprisant. Bien plus que l'ivresse même, mais en réalité, qui se souvenait du petit enfoiré alcoolique, si ce n'était ses ennemis ? Personne et certainement pas lui. Braam, il ne voulait pas se souvenir de lui-même. Il ne voulait pas se laisser emporter par le courant noir qui dansait tout autour de lui, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. C'était un peu comme les femmes, il ne pouvait pas résister alors il cédait. Toujours. « Toujours là où la picole est bon marché » dit-il. Il sentit son cœur s'emballer tant sa vue lui était insupportable. Mika'îl lui avait toujours pourri la vie, même lorsqu'ils étaient amis, du moins essayait-il de s'en persuader. Il avait toujours aimé les problèmes et les relations trop plates n'avaient jamais été pour lui. Le bonheur, c'était bon pour les films à la Twilight. Les relations longues et sans histoire n'avaient jamais été son point fort. Il détestait vivre dans un quotidien plat, morne et sans conflit. Au fond, c'était peut-être lui l'enfoiré. Il avait arrêté de fréquenter ce gosse de riche, il l'avait cherché, il l'avait mérité. « Et toi, jamais très loin des putes bons marchés. » finit-il par dire. Mais Mika'îl s'en fichait. « Tu ne m’avais pas dit que tu serais en si bonne compagnie » Il se pavanait comme un paon, il jouait au plus malin, lui volait sa proie. Mika 'îl, cet enfoiré. « toujours aussi grossier, Braam. Ne fais-tu pas les présentations ? » Un sourire se dessina sur ses lèvres, sans trop savoir pourquoi. Il n'avait jamais aimé l'arrogance de Mika'îl et peut-être même qu'il ne l'avait tout bonnement jamais aimé. Peut-être que finalement, cette rencontre dans ce bar miteux lui permettait enfin d'ouvrir les yeux sur son passé. Ses proches n'avaient jamais compté pour lui ; Mika'il n'avait jamais compté. Comme tous les autres. C'était une pure mascarade, un délire qu'il s'était encore inventé pour s'empêcher de sombrer. Sauf qu'il avait sombré, il avait arrêté de résister.
Et désormais, il se tenait face à ses démons, seul. Toujours seul face à toujours plus de démons. Mika 'îl, il était probablement le plus mauvais d'entre eux, le plus terrible. Et il n'y avait plus aucun doute sur lui, il le méprisait parce qu'il avait toujours été plus fort que lui. Derrière ses airs de salaud, il était faible. Il était toujours un enfant, celui que son père frappait. Celui qui se laissait ronger par l'ivresse. Il se détestait, lui aussi. « Peuh. Peu importe » finit-il par dire. Ses doigts allèrent inconsciemment caresser son verre et une terrible brûlure le consuma. Il se détestait tellement qu'il eut envie de se jeter dans la gueule du loup. Il ne pouvait pas résister à Mika 'îl ; il ne pouvait plus. Plus depuis que cet enfoiré l'avait défié. Plus jamais. « Qu’est-ce qui te fait une si sale figure ? » lui dit-il. Au fond, Braam n'était pas un mauvais garçon. Il n'aimait pas se battre, mais c'était comme l'alcool ; il en ressentait le besoin. Son regard se détacha de son verre vide et se posa sur Mika 'îl. C'était la première fois qu'il le regardait depuis longtemps. Il n'avait pas changé, si ce n'était son regard qui laissait paraître plus de fierté. Il le détestait, il le méprisait cet enfoiré ! Sa clope au creux des lèvres, il lui sembla trembler. C'était l'alcool, cette foutue obsession. Sa hantise, sa peur, sa passion. Ses yeux se posèrent finalement sur la jeune femme et il comprit qu'il n'allait pas finir la soirée avec elle. Il ne voulait plus de toute façon, et c'était toujours comme ça avec Mika'îl. Mika'îl lui ôtait l'envie de vivre. Mika'îl lui ôtait toute passion, toute ambition. Et à chacune de leur rencontre, il le détestait et le méprisait un peu plus. Cet enfoiré, ce salopard. Qu'est-ce qui lui faisait une sale figure ? Putain, il s'en souvenait plus. Il n'était jamais capable de se souvenir, il ne voulait pas. Pas lorsqu'il était sobre. Pas devant Mika'îl. « Des trucs habituels. » cracha-t-il. Des embrouilles, des emmerdes, des enfoirés. Il eut envie de rire, mais rien ne sortit de ses lèvres. Il se raidit quelques secondes, cette soirée était partie en couille. Son regard plongea au fond du verre et il se sentit vidé. « Tire-toi. » dit-il à la jeune femme. Il ne se donna pas la peine de la regarder, il ne voulait même pas savoir si elle était partie ou non. Tout ce qu'il désirait, c'était boire à en crever. Il alluma une seconde clope, qui n'était probablement pas la dernière de la soirée. « Toi dans c'bar miteux ? dis-moi, ton père aurait-il compris que t'étais qu'un bâtard issu d'une salope ? » Il voulait que Mika'îl souffre. Il voulait qu'il ressente les mêmes souffrances qu'il avait enduré lors de son enfance. Il voulait voir son père le renier, sa mère faire la pute. Il voulait qu'il souffre, il voulait qu'il perde son fric et qu'il devienne comme lui. Alors, ce serait un combat équitable. Mais Mika'îl ne jouait pas dans la même cour que lui. Il aimait faire le beau alors que lui, il faisait profil bas. C'était un homme faible sous la lumière dorée, mais c'était un homme. Et ce soir, il voulait se battre plus que jamais.
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Sujet: Re: gonna need a spark to ignite (mika'îl et braam)