la petite histoire

having a sister is like having a best friend you can't get rid of. you know whatever you do, they'll still be there

dubaï, bogota, guadalajara, budapest, paris, seville, johannesbourg, brisbane. autant de villes dont toni a croisé la route durant ses vingt-deux dernières années. mais quelque part, ces nombreux déménagements et ce changement incessant faisaient partis d’elle. ayant toujours vécu de cette manière, elle ne se posait pas de questions. tout était normal. comme il était également normal d’avoir deux papas à la maison. vous l’aurez donc compris, le monde de toni peebles ne tournait pas complètement rond, disons qu’elle s’était forgée son propre monde à elle, et qu’elle s’y sentait bien à l’intérieur, avec sa sœur et ses deux pères. vous en avez déjà vu, vous, des gamines qui a quinze ans parlent déjà cinq langues couramment, et à vingt-deux ans, en parle huit ? heureusement, joan est là, et comme elles sont identiques en pas mal de choses, ça permet à toni de se sentir moins bizarre le temps de quelques secondes.

d’ailleurs en parlant d’être normale, je pense que leurs deux pères se sont rendus compte que leurs deux filles étaient deux étranges spécimens, et pour se rassurer, ils ont décidé qu’elles iraient toutes les deux à l’université, à phoenix. pourquoi cette ville ? allez donc leur demander, toni serait ravie de l’apprendre. des deux peebles, elle fut surement la plus difficile à convaincre que se sédentariser serait une bonne idée. mais joan a cédé, alors toni ne se voyait pas vivre sans sa sœur. à contrecœur, la voilà donc inscrite en fac d’histoire, où elle passe ses heures à rattraper le sommeil qu’elle n’a pas consommé durant la nuit, trop occupée à sortir avec ses amis.

« toniiiiiiiiiii, c’est toi qui a pris mon blouson en cuir ? » une joan complètement paniquée ouvre la porte de la chambre de toni, se moquant du fait qu’elle avait à peine dormi et commençant à fouiner dans les affaires de sa sœur. fouiner = prendre un objet/vêtement/livre et le jeter à un autre endroit pour vérifier que l’objet désiré ne se trouve pas en dessous. « to’ bouge tes fesses quoi, j’ai envie d’un big mac. il est midi, c’est plus l’heure de dormir. » sans prévenir, toni attrape un ours en peluche pour le lancer de toutes ses forces sur le visage de sa sœur. « jo’ si tu sors pas de cette chambre d’ici dix secondes, je te promets que.. » « arrête les menaces, tu vas jamais jusqu’au bout. » jetant un regard blasé à sa sœur, toni savait qu’elle avait raison. et en plus, elle avait bien trop la flemme de bouger ne serait-ce que le petit doigt. « bon allé, enfile ton plus beau survêt bébé, que tu le veuilles ou non, on va au domac. j’ai faim. et quand j’ai faim, j’suis chiante. » « et pas que quand t’as faim, vieille morue. » l’ours en peluche fit le trajet inverse sans même que toni n’ait le temps de réagir. « greygyfreblouff. » la tête dans l’oreiller, toni avait marmonné. elle n’arrivait jamais à dire non à sa sœur. « moi aussi je t’aime. » et voilà comment se déroulait un dimanche matin dans la résidence peebles.

la petite histoire

a little party never killed nobody

7.30am. “come and take a walk on the wild side, let me kiss you hard in the pouring rain, you like your girls insane” sonnerie de réveil. iphone qui finit sur le sol de la chambre de toni. les réveils sont toujours aussi difficiles un lendemain de soirée, enfin ce qui revient à dire que les matins sont difficiles à peu près cinq jours sur sept pour la jolie brune. après une demi-heure de bataille avec son réveil et sa sœur qui passe par sa chambre pour vérifier qu’elle ne se rendorme pas, toni réussit à émerger, à avaler un café et prendre une douche. le strict minimum pour se rendre à l’université, dans un état de fatigue très avancé.

11pm. direction le centre-ville, pour rejoindre ce bar où mad bosse. ce gars, toni le connaît depuis quoi ? cinq mois. et elle a l’impression de le connaître depuis des années. c’est un sentiment qu’elle a jamais vraiment connu, étant plutôt du genre à ne pas trop s’attacher aux gens, sachant d’avance qu’elle ne restera pas longtemps en leur compagnie à cause de sa vie de nomade, mais avec lui c’était différent. elle avait en fait l’impression de se voir elle, en version masculine, et pourtant, lorsqu’ils étaient ensemble, c’est-à-dire à peu près tout le temps, ils étaient comme chien et chat. la soirée ne faisait que commencer, et arrivant dans l’établissement où travaillait mad, toni n’eut pas vraiment de mal à repérer le groupe de personnes qu’elle fréquentait. ouais, toni elle aimait pas appeler ça des amis. on sait jamais dans la vie. après avoir salué la troupe, la jeune femme se dirigea d’un pas assuré vers le bar, où elle était certaine de trouver mad, sûrement entourée de deux-trois filles lui faisant un de ces regards vide comme elle s’amusait à lui faire remarquer souvent. prenant place sur un des tabourets, toni fit un sourire au collègue de mad, étant donné que ce dernier était trop occupé à draguer. « salut alec. comme d’habitude s’il-te-plaît. » lui demanda-t-elle gentiment. alors que ce dernier partit la servir, son ami daigna enfin lui porter de l’intérêt. « qu’est-ce que tu bois ma belle ? » toni ne prit pas même la peine de le regarder. il pensait pas qu’il allait l’amadouer avec ses surnoms en plus. « alec s’est occupé de moi, pendant que tu t’occupais de tes groupies. » bon ok, elle était chiante, jalouse, possessive, mais mad, c’était mad. elle détestait toutes ces filles qui lui tournaient autour. et puis, sans même attendre une réponse, toni retourna vers la table où se trouvaient son groupe de potes et sa sœur, après avoir pris le verre qu’alec lui tendit en le remerciant et jetant un regard noir à mad. « toni, j’connais ce regard. » la jeune femme haussa les épaules l’air boudeur. « allé, accouche ma vieille, tu sais que tu me le diras à un moment ou un autre. » « il m’énerve tu sais, il fait tout pour m’énerver en permanence, j’te jure. » jo’ prit un air entendu, celui qu’elle avait lorsqu’elle était certaine d’avoir raison. « tu sais déjà ce que j’en pense to’. » « oui mais non. je suis pas amoureuse de lui, tu sais.. j'ai pas envie qu'il soit à moi, j'ai pas envie qu'on nous regarde en disant "c'est un couple", ni qu'il m'embrasse. je m'en fiche de ça. non, c'est un truc bizarre, un sentiment bien plus horrible, quelque chose d'inexplicable qui va surement finir par me détruire. tu sais, je pense tout le temps à lui. tu sais, quand il parle d'elles, de ses conquêtes, je suis jalouse. pas parce que je pense qu'il y a quelque chose entre eux, simplement parce que j’ai peur que l’une d’entre elles compte plus que moi. tu sais, quand il est pas là, je me demande souvent où il est, si il va bien, si il n'a pas de problème, si il ne joue pas avec le feu. j’ai juste ce sentiment... ce truc qui bouillonne en moi et qui me dit que je serais très bien capable de me jeter sous une voiture à sa place. » et le long silence de sa sœur face à cet avoeu en disait long. mais peu importe, quand on s'appelait antonia peebles, on n’était pas du genre à tomber amoureuse, et on ne voulait pas l’être, alors elle finirait dans le lit d’un inconnu, comme d’habitude.