Tu n'as jamais oublié la première fois que tu as vu Maëlys. Elle dansait comme si elle était seule, au milieu de personnes ivres d'alcool et d'excitation. Un sourire était accroché à ses lèvres tandis qu'elle bougeait, sans jamais s'arrêter. Tu l'as observée quelques secondes, ou peut-être était-ce quelques minutes. Et puis elle a disparue dans la foule, un homme sur ses pas. Tu l'as revu plusieurs soirs au même endroit, avant de finalement te décider à l'approcher. Il a suffit d'un regard pour que vous décidiez de quitter l'endroit miteux. Ce n'était pas un coup de foudre, toi tu méprises ces conneries, sur l'amour et le bonheur. Tu la voulais, tout simplement. Alors tu l'as emmenée chez toi. Tu sentais ses grands yeux bleus posés sur toi tandis que le taxi poursuivait sa route. Elle t'a dit qu'elle s'appelait Maëlys, mais tu n'as pas retenu. Ce soir là, elle avait trop bu, son esprit était embrumé par l'alcool, ses pensées s'emmêlaient, les mots sortaient de sa bouche sans qu'elle ne soit capable de les retenir. Tu l'as simplement laissé parler, te servant de sa voix éraillée d'avoir trop crié comme d'une berceuse. Et tu as fini par te rendre compte que tu écoutais ses paroles, et que vous vous ressembliez. Pourtant, elle te paraissait tellement plus lumineuse que toi. T'étais perdu, entre la débauche et la solitude. Les pilules qui rendent heureux et les bouteilles qui permettent d'oublier. Et puis, elle s'est endormie.
Elle est partie sans un bruit le lendemain matin. Elle n'a laissé aucune trace, mais quelle importance? Le soir, vous étiez de nouveau au même endroit. Elle t'a souri, tu l'as ignorée. Elle a accepté le challenge, elle t'a tourné autour toute la soirée, comme attirée par un aimant. Encore une fois, vous êtes allé chez toi. Et cette fois, elle n'a pas dit un mot, mais son regard a parlé pour elle.
Tu as pris l'habitude de la voir. Elle venait souvent. Un jour, elle s'est excusé de t'avoir autant parlé d'elle. Une semaine après, elle te posait des questions sur toi, et t'as été incapable de lui répondre. Au fond, tu avais peur de la faire fuir, et de toutes manières, tu détestes parler de toi. Mais plus encore, tu avais peur de la ternir, ta jolie poupée aux yeux couleur ciel. De déteindre sur elle, de l'emmener dans ton monde, de la casser. Elle vivait comme toi, mais mieux que toi. Elle était pleine de joie de vivre. Pour la première fois depuis longtemps, tu as voulu le bien-être de quelqu'un d'autre. Tu as fait ce que l'un de vous aurait forcément fait à un moment ou à un autre. Tu as fui.
Mais Maë, elle ne se laisse pas faire. Elle se demande pourquoi tu l'ignores, elle pensait que tu l'appréciais. Elle ne sait pas que tu l'apprécies trop justement. Trop, pour t'empêcher de lui faire du mal, de salir son innocence. Elle ne se rend pas compte de qui tu es. Elle ne s'attache jamais, elle fuit l'amour et ce qu'il entraîne, elle te l'a bien fait comprendre. Pourtant, elle est toujours là. Elle attend un signe de ta part. Un signe qui dirait « reviens ».