Vous connaissez ce sentiment d'abandon ? Celui qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher après. Celui qui vous étouffe jusqu'à votre dernier soupir et vous laisses mourir seul. Tu le connais bien toi, pauvre Briséïs. Tu t'es perdue en chemin, abandonnant toutes tes convictions, laissant place à une autre toi, ouvrant une nouvelle porte te conduisant vers la débauche. Tu as toujours été exemplaire dans le moindre de tes faits et gestes, chrétienne et purement pratiquante. Tu étais la fierté de ton père, désormais tu n'es plus qu'un petit déchet qui se traine. Tu es toujours belle, la parfaite demoiselle qui attiré tous les hommes mais les rejetaient parce que tu t'en moquais d'eux. Ils ne s'intéressaient qu'à ta virginité, voulant faire de ton corps leur plus beau trophée. Toi, tu riais de ces regards posaient sur toi, même si au fond de toi, tu avais peur de te faire dévorer par ces loups affamés. Tu t'es perdue bien loin de tous les sentiers battus que tu avais traversé jusqu'alors. Pauvre de toi. Que vas-tu donc devenir ? Tu finiras seule et sans personne, paumée dans un monde qui n'est plus le tien. Pourquoi te fallait-il jouer les plus malines ? Tu as voulu t'amuser avec le feu et tu as réussi à te brûler. Stupidité enfantine qui faisait de toi l'être de lumière intouchable. Désormais tes ailes ne peuvent plus volaient, elles t'ont abandonné en même temps que tous les autres. Elles t'ont laissé tombées quand tu avais besoin d'elles, parce que peu importe pour elles, que tu voles ou tu t'écroules, tu n'es plus rien désormais. Ange déchu. Misérable petite fille sainte d'esprit mais envolée, disparue... A trop vouloir jouer, on fini par échouer et toi, tu as faillit là où tu n'aurais pas du. Que dirait ton père s'il te voyait dans cet état ? Il serait furieux, même pire que tout cela. Sa chère petite fille chérie, la plus merveilleuse de ses merveilles, devenue la pire de toutes les catins. Voilà ce que tu es désormais aux yeux de tous, cette demoiselle qui a couché avec le premier venu, qui s'est perdu dans les bras d'un homme peu fréquentable et qui dans son ventre, attend le fruit de ce qu'on ne pourra jamais appeler l'union de deux êtres durant une nuit magique...



Tu comptes les étoiles mais bien vite tu perds le fil des nombres. Une perle nacrée roule le long de ta joue porcelaine. Brisée tu es, meurtrie ton cœur se fait, perdue tu ressens le sentiment de faiblesse et d'abandon. C'est un couteau planté au centre de ton âme, une massue qui s'abat sur ton être frêle et fragile. Ah quel drôle de jeu, quel droit d'amusement as-tu voulu créer ? Tu n'es rien, rien de plus qu'un misérable grain de poussière que le vent emportera avec lui lorsqu'il soufflera. Transparente, invisible aux yeux du monde, cruel et infâme, écrasant et sadique. Tu sais ce que tu es, chère Briséïs, un pion. Un de ces foutus pions qu'il s'amuse à placer sur son échiquier géant et avec lequel il joue durant des heures, avant de se lasser et alors de te jeter comme un vulgaire objet. Il n'a aucune pitié ce monde pour toi, il ne t'épargneras pas, quoi que tu fasses, quoi que tu dises, il te fera souffrir, te prendra entre ses mains et t'écrasera avec toute sa force. Toi, tu lutteras, en vain, parce que tu es beaucoup trop faible pour réussir un exploit et le faire lâcher prise. Lâcher prise. Dans ce monde où tout tourne trop vite autour de toi, tu ne demandes que ça. Lâcher prise. Être pardonnée de tous tes péchés et reprendre le cours normal de ta petite vie bien tranquille. Pauvre de toi, si tu t'entêtes à faire marche arrière, la bonne blague, c'est chose impossible. Tu as sauté dans le vide, les deux pieds devant mais les yeux fermés, maintenant tu dois assumé, tu dois accepté la défaite. Perdre ! Tu détestes ça n'est-ce pas ? Mais tu ne peux plus aller à reculons, le passé ne peut être défait et tu dois construire ton futur désormais. Tel que c'est à ton tour d'écrire l'histoire...

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Il était là, se tenant devant toi, grand et imposant. Son visage figé, son air sérieux presque déroutant te glaça le sang. Tu déglutis cherchant pourquoi tu étais ici. Ah oui ! Pour écourter ta douleur et avouer avoir péché. Simplement, tu connaissais ton père, bien trop même et la sentence qui tomberait serait l'une des pires que tu ai subit jusqu'à aujourd'hui. Il jeta son regard dans le tien, attendant que tu parles. Tu cherchais les mots, par quoi commencer ? Comment une fille si bien éduquée, si parfaite, qui plus est naissant dans une famille chrétienne, qui pratiquait jour après jour et qui respectait Dieu pour tout ce qu'il offrait, pouvait agir de la sorte. Tu te levas, ne supportant plus d'être assise. Ta main droite glissa le long de ton ventre et ton père leva un sourcil face à ce geste, si peu habituel chez toi. Tu pris une grande inspiration, te jetant enfin à l'eau. « Avant que je dises ce que j'ai à dire, je veux que tu me promettes que rien ne changera. » Ta voix tremblante, inquiète de sa réaction trahissait ton air sur de lui. Il hocha la tête, mais au fin fond, il y avait cette clochette qui sonnait, te faisant comprendre qu'il ne garantissait pas d'accepter ce que tu avais à lui dire. Tu étais donc remontée à la surface avant de replonger une nouvelle fois. « Je sais que c'est dur à dire comme ça, mais je... » Hésitation. Le temps est suspendu dans les airs, les mots accrochés à tes lèvres, n'osant franchir la barrière de l'inconnu. Autant y aller en douceur. « Je... je ne suis plus vierge. » Le regard de ton père ne changeait pas, il était toujours figé, mais ta mère, qui était arrivée entre temps avec ton frère ainé, avait mis sa main sur sa bouche pour retenir son choc. Elle cherchait une chaise de la main et se laissa tomber dessus avant de s'effondrer en larmes. Quelle réaction idiote, mais c'était un outrage pour une famille telle que la tienne. « Oh mon Dieu ! Pardonnez ces péchés Dieu, je vous en supplie. » Elle allait pour faire le signe de croix quand ton père la coupa dans son élan, se rapprochant dangereusement de toi. Tu fis un pas puis deux en arrière avant de t'effondrer au sol. Tu venais de recevoir une claque si grande que jamais, au grand jamais il ne t'avais frappé de la sorte. Alors dire la suite serait aggravé la situation. Tu préféra te taire, te relever et fuir jusqu'à ta chambre.



Un grand frère c'est censé être là dans n'importe quel moment. Nos rires, nos pleures, nos émois, nos problèmes, nos choix. C'est là pour aider à trouver la bonne route sans influencer totalement le chemin à prendre. C'est juste un repère, une lumière qu'on aperçoit au loin et qu'on tente de suivre du mieux qu'on peut. C'est notre dose de bonheur au quotidien, c'est notre sourire sur nos larmes, c'est notre tout, comme un complément qui s'emboite à notre petit être, la partie manquante du puzzle pour qu'il soit enfin complet. Un grand frère c'est l'être qu'on désire chérir toute notre vie, qu'on désire plus que tout voir toute notre vie à nos côtés, ne pas le perdre de vue, l'aimer comme si c'était un cristal fragile, prêt à se briser à n'importe quel moment. Un grand frère c'est magique, c'est merveilleux, c'est fantastique, c'est... si magnifique qu'aucun grand mot n'est assez grand pour éprouver l'amour qu'on éprouve pour lui. C'est Emilien et Briséïs. Briséïs et Emilien contre le reste du monde et rien, non rien ne peut arrêter cet amour fraternel. Unique, pur et réel au moins. Ce n'est peut-être pas l'Amour avec un grand "A" mais c'est de l'Amour tout de même. Et au fond, c'est tout ce qui importe...

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« Eh pourquoi tu pleures, petit ange. Sèches-moi tes vilaines larmes. » Un sourire se dessine sur ton visage, tu ne bouges pas, restant totalement effondrée, mais quand il te prend dans ses bras, tu t'y blottis. Il n'y a pas meilleur réconfort et meilleur endroit que les bras de la personne qui compte le plus à nos yeux. Ton frère, ton ainé, probablement ton plus beau et précieux cadeau, même si c'était plutôt toi son cadeau. Essayant de parler, ta voix n'était qu'une simple brisure que le vent soufflait dans une difficulté certaine. « J'ai... j'ai fais une terrible erreur Em. Père ne me pardonnera jamais... » Il te serra un peu plus fort dans son étreinte, tentant de te calmer comme il le pouvait. « Chut. Ne dis pas de bêtises. Père t'adores, il te pardonne tout à chaque fois. Faut pas que tu es peur Bri. » Pourquoi ne pas le croire ? Après tout, tu étais sa fille chérie et même si c'était rare que tu te trompes, chaque erreurs que tu commettais n'était rien pour lui, il te pardonnait chaque faux pas. Sauf que cette fois, c'était différent, tellement différent de tout ce que tu avais pu faire par le passé. Malgré les erreurs, tu avais toujours été ce petit ange béni de Dieu. Tu essayais de prendre une légère inspiration pour parler mais les larmes noyaient ta voix. Ton frère embrassa ton front, tu réussis à te calmer peu à peu, même si ta gorge était nouée, ton être tout entier lui tremblait. Tu secouais la tête, comme pour faire partir les démons qui scrutaient ton âme en damnation. « Pas cette fois Em. Pas cette fois. » Il cherchait à comprendre, tu le voyais bien à son regard, à la fois interrogateur et apeuré. « Je suis enceinte Em. » Puis tu laissas ton être partir à la dérive et pleurer chaque larme qui emplissait ton être. Tu te sentais bafouée de tout honore, toi qui étais si respectueuse. Tu n'étais plus rien de tout ceci. Strictement plus rien. De plus, tu savais pertinemment que tu avais tout perdu, et que tu le perdrais lui aussi...



Les yeux baisés, la tête lourde, le cœur amer, tu te dirigeais vers cet endroit que tu n'avais pas fréquenté durant trois mois. Trois mois que ta connerie hantée ton esprit, trois mois que tu daignais ce sentiment d'impuissance, trois mois que tu n'osais dire quoi que ce soit à propos de ce sujet. Trois mois que tu refusais d'ouvrir les yeux et voir la réalité en face. Enceinte tu étais, ton erreur tu devais assumer. Au fin fond de ton âme, tu osais prétendre que cette erreur n'en avait pas été une, tu le voulais, tu le désirais quand bien même tu étais chrétienne, tu respectais la tradition de rester vierge jusqu'au mariage, mais tu t'étais consumée entre ses bras. Ton corps uni au sien avait été ta plus belle extase, ton meilleur péché, ta plus belle erreur. Mais tes mains appuyées contre ton ventre, ça ce n'était pas prévu au programme et tu devais désormais assumer cette responsabilité. Cela faisait un peu plus d'un mois que tes parents ne te savait plus vierge, trois semaines que ton père daignait t'adresser le moindre mot, le moindre regard. Tu avais perdu toute son estime, grande était-elle pour toi, son petit ange d'or chéri. Tu marchais donc, acceptant cette souffrance devenue tienne, ton frère lui, ne t'avais pas abandonné comme ta famille, en lâche, avait osé le faire. Il était là, à tes côtés et malgré les hauts et les bas, il te faisait toujours remonter la pente, de plus en plus sinueuse. Tu t'étais arrêtée devant l'ancienne qui clignotait avec du mal avant de s'éteindre. Le bruit du silence, le murmure du vent, glaça ton sang. Tu avais toujours eu peur chaque fois que tu venais ici, alors pourquoi t'entêtais de la sorte. Ton frère t'avais convaincu sans savoir qui était le voleur de la pureté de sa sœur, d'aller lui parler pour lui avouer. Simplement, quand sa silhouette, géante, pris possession de la tienne, tu ne fis plus un seul pas, même le vent s'était tue. Muet devenu. Tes mains étaient toujours sur ton ventre, et tu voyais bien que son regard déviait dessus. Vision d'horreur pour lui, mais pour toi ? Douce amertume bercée de désillusions. Tu voulais fuir cette fois, partir, sans avoir dis le moindre mot, de toute façon il avait l'air d'avoir compris. Alors, tu te tournas et t'en alla. Tu disparue dans la nuit sombre, t'envolas comme tu avais apparu. Enchantement. Non, maléfice...