la petite histoire

So she throws him at the wall and kisses burn like fire

ONCE YOU TOLD ME THAT YOU LOVE ME SO MUCH.
« Elle est où, ta mère ? » La voix résonna quelques secondes dans son dos. Il sentit un mal étrange l'envahir, couler dans ses veines et danser sur ses paupières. Jamais encore, Braam n'avait songé à mentir à son père. Et pourtant ce matin-là, dans la lumière scintillante du salon, il envisagea cette option. « Je ne sais pas. » dit-il, aussitôt. Pendant un moment, il parût perdu dans ses pensées. Ses yeux étaient happés par une vision hors du temps. La mer rugissait à travers son esprit et des vagues imaginaires se fracassaient contre les parois rocheuses. Au loin, se dessinait sur l'eau une silhouette argentée. C'était sa mère, peinte de flammes bleues. Elle ondulait au rythme des vagues sur une ombre masculine. Il sursauta. Au-delà de cette tragédie, le soleil parvint à percer la cime des arbres et illumina la pièce de son éclat doré. Son père s'approcha et sa démarche instable entraîna un léger parfum d'alcool. La mer se dessina une nouvelle fois devant lui, un frisson lui parcourut l'échine. « Je ne sais pas. » répéta-t-il. Quelque chose en lui se brisa et il s'évada loin de ce tableau pathétique. Il avait perdu sa place en ce monde béant. « Sale petit menteur ! » Il sentit une main forte lui effleurer le visage. Son corps heurta la paroi rocheuse tandis que des vagues dansèrent devant lui. Une lumière éclata à ses côtés et tout autour, son monde se fracassa en de terribles morceaux de verre. « Arrête, papa ! » hurla-t-il. Une pluie argentée s'abattit sur ses paupières et dessina de fins traits rouges sur sa peau dénudée. Un bruit sourd résonna au creux de ses oreilles et se propagea à travers le rivage de son esprit. Il était seul, et il courait vainement, à la recherche d'un abri. Il ouvrit un œil, son regard se posa sur le monstre qui se tenait à quelques mètres de lui. Il vit une flamme jaillir dans ses yeux, qui se durcirent. Le feu final culmina en un jet écarlate qui lui coupa le souffle. Il se laissa lourdement tomber à terre, vaincu. À des kilomètres de lui, une voix sembla lui crier dessus. « Je vais t'apprendre à défendre ta salope de mère ! » entendit-il. Il frissonna, les battements de son cœur emplirent la pièce et il imagina un océan doré dans lequel il pourrait s'évader. Des vagues se creusèrent et se dressèrent au rythme fatigué de sa respiration. « Arrête, s'il te plaît. » souffla-t-il. Une main lui effleura le visage, mais ce fût déjà trop. Juste au-dessus de lui, l'orage gronda et une nuée de coups tombèrent sur lui. Son corps s'ouvrit au fracas de la mer et sur la pâle moquette du salon, il se vida de son sang.

I SAW THE FLAMES BURN OUT IN YOUR EYES.
La pluie diminua d'intensité, et avec la tombée de la nuit, les ultimes échos du silence se brisèrent.  « Thyrza, ouvre cette putain de porte ! » Le son de sa voix résonna à travers son esprit. Ses yeux le brûlèrent et il manqua de chavirer. Avec prudence, il rejoignit la lumière dorée qui danser devant lui et quand il eut enfin reposé sa joue contre le bois lisse de la porte, il remarqua qu'il s'était coupé la lèvre. Il se tourna vers les étoiles et, ivre-mort, il perdit l'équilibre. Son corps heurta le sol et une sensation qu'il avait longtemps cherché à faire disparaître l'envahit. Des vagues dansèrent devant lui. Une lumière éclata à ses côtés et tout autour, son monde se fracassa. Derrière le bruit des ondulations qui résonnait dans son esprit, il entendit le claquement infernal de la porte. « Braam. » entendit-il dans le lointain. Il se retourna et là-bas, dans l'encadrement de la porte, il distingua les contours de sa sœur.
Soudain, il fut submergé par un flot de nostalgie et de solitude car pour la première fois, il entrevit les souffrances qu'il avait causées. « Thyrza. » Il ne pouvait plus se représenter quelque chose au-delà de ce visage torturé. Il tenta de faire se mouver devant lui la mer et ses étranges vagues, mais tout ce qu'il vit fut la silhouette faiblarde de sa sœur. Il jeta un regard las à cette femme sans espoir et comprit qu'il s'était toujours trompé sur elle. Il comprit qu'elle valait bien plus que toutes les autres femmes, il comprit qu'elle s'acharnait à rendre son monde meilleur, à lui faire oublier toutes les horreurs que leur parent leur avaient fait vivre. Mais ce qu'il comprit par dessus tout, c'était que malgré toutes les autres, c'était elle, la véritable femme de sa vie. Il aspira à pleins poumons l'air du soir, attendit qu'elle le rejoigne. Elle fit un pas vers lui et il fut subitement frappé par un parfum d'horreur. « Thyrza, mon ange. » Elle s'agenouilla à ses côtés et commença à hocher la tête, à se mordre les lèvres et des larmes coulèrent sur ses joues. « Je suis désolé de t'avoir abandonné comme lui nous a abandonnés... » dit-il soudainement. Il se redressa, lui offrit une main tremblante et il attira son corps frêle contre le sien. Il sentit un parfum salé se répandre sur son épaule, au rythme de la souffrance qui s'évadait tout autour. « Si tu savais comme je suis désolé. » Derrière ses paupières closes, une larme perla. Au loin, la mer se fracassa contre lui et il se laissa emporter par les vagues.