la petite histoire

« Il est des moments où il faut choisir entre vivre sa propre vie pleinement, entièrement, complètement, ou traîner l'existence dégradante, creuse et fausse que le monde, dans son hypocrisie, nous impose. » © OscarWilde

Sans doute que la mère d'Edwin ne se rendait pas compte de l'énormité qu'elle était en train de commettre, lorsqu'elle mit au monde son petit enfant. Si elle avait su, elle se serait empêchée de pousser. Son bébé était mignon, ne hurlait jamais, contrairement à tous les autres. Il semblait déjà parfait, à cet âge si infime. Edwin, un prénom porteur de richesse et d'amitié. Deux notions qui lui convenaient à merveilles. Ses parents étaient plein aux as, et en faisaient bien trop profiter à leur fils unique, qui en usait et en usait encore pour s'acheter de la drogue où ses foutues pilules qui le ruinaient chaque jours un peu plus. Mais il est tellement facile de se dire aveugle lorsqu'on ne veut pas se rendre compte de vérités douloureuses. Les parents d'Edwin ne lui portèrent jamais d'attention, autre que celle concernant les notes. Ils se fichaient de le voir fumer, boire, planer à longueur de temps, perdre tout ce qui lui était cher. Ils voulaient juste qu'il soit un enfant parfait ... ce qu'il s'efforça d'être, en apparence du moins, auprès de tous les adultes qui l'entouraient, de près comme de loin. Souffrant de cette absence totale d'autorité parentale, Edwin apprit à se débrouiller seul dès son plus jeune âge. C'est ainsi qu'il se créa cette carapace froide et dure, que jusqu'alors personne n'a réussit à lui retirer, ne serait-ce qu'un infime instant. Un bébé, qui ne demandait rien de mieux que d'être aimé, et de devenir un type bien, s'enfonçait dans la débauche totale, par manque d'amour. Oh certes, ce n'était pas la seule raison, mais elle y contribuait fortement.

A l'âge de quinze ans, Edwin touchait déjà à toutes les drogues qui lui passaient sous la main, même s'il n'allait pas encore en acheter de lui même. Il sortait chaque week-end sans aucune occasion, en profitait pour aguicher des filles. Il eut sa première relation sexuelle à seize, encore une fois lors d'une soirée. Rien de très romantique, mais au moins, il n'avait pas à s'encombrer de sentiments inutiles. Qu'apportait l'amour de bon ? Rien, en fin de compte. Déjà à cet âge, Edwin savait tout de la dure réalité de la vie qui l'attendait. Sans espoir, ce n'est qu'une douce torture, de plus en plus cruelle. L'ennui, l'impression de ne rien pouvoir faire. C'est pour lutter contre ce sentiment infâme qu'il devient si infecte avec tous ceux qui le côtoyaient. Les remarques ironiques fusaient, et ses amis devinrent ses alliés, plus par crainte que par réel sentiment amical. Mais cela lui convenait parfaitement bien. Son charisme a tout épreuve suffisait à faire de lui quelqu'un de populaire, et il régnait sur son lycée en tant que seul sire. Toutes les fêtes les plus huppés étaient de son propre chef, qu'il organisait dans sa maison alors que ses parents étaient trop occupés pour baiser dans leur chambre, fermée à double tours. La débauche à l'état pure. La drogue circulait de tous côtés, et quiconque n'en consommait pas n'était pas invité. Edwin dut devenir sélectif, tellement tout un chacun voulu devenir son "ami", une fois son règne définitivement acquis. Cette situation était jouissive. Enfin, il avait la main mise sur tout son lycée, et en faisait absolument tout ce qu'il le voulait. Il manipulait tous ceux qui l'entouraient, pour obtenir ce dont il avait besoin, ou même juste envie. Il jouait avec le coeur et les sentiments des autres. Et personne, jamais, ne le lui reprochait. Le fréquenter était un réel honneur, et le prix à payer était bien faible.

Puis il eut marre de sa cour, de ses "amis" toujours là prêt à lui rendre le moindre de ses petits services qu'il se plaisait à réclamer toujours. Alors que certains se seraient plus infiniment dans cette existence monotone mais aisée, Edwin laissa libre court à l'ennui qui parvenait toujours à lui pourrir l'existence. Sans rien faire, il se laissa sombrer dans une profonde dépression, due à un besoin évident de plaire à autrui, et de changer toujours de vie. Il tenta de se choisir un métier, ça ne modifia en rien sa façon de voir les choses, mais cela lui permit de devenir célèbre auprès de personnes de sa ville et presque de son pays entier. Mais cela ne changeait pas assez son mode de vie, cela ne lui convenait pas. Oh oui, il se plaisait en temps que mannequin, il aimait son nouveau statut qui lui permettait chaque nuit de faire de nouvelles connaissances féminines. Mais la dépression, sa dépression était toujours là, à rendre sa vie plus pourrie que jamais.

« Ecoute Fitz, si ça va si mal, tu crois pas que la présence d'une fille pourrait t'aider ? » « T'arrête des conneries Lloyd ! Tu t'rends pas compte de ce que tu dis ! J'suis avec une femme la, j'en ai pour l'instant pas besoin d'autres. Jusqu'à la nuit prochaine, évidemment. » « T'es vraiment trop con, j'te parle sérieusement là ! J'te parle d'une femme capable de changer ta façon de voir, tes sentiments, capable de changer l'espèce de cxnnard que t'es devenu ! J'te parle de vraie femme, abruti ! Réveille toi un peu ! »

Bip; Bip; Bip. Lloyd avait raccroché, laissant Edwin totalement perdu dans ses pensées. Il était son meilleur ami, celui qui le connaissait depuis son enfance et, disons le justement, le seul qui savait qui il était. Enfin, plus ou moins. Et même si le jeune Fitz' laissa tomber ses pensées pour se rapprocher de la femme qui partageait actuellement son lit, cette déclaration l'avait ébranlée plus qu'il ne l'aurait souhaité. Et la quête de la vraie femme dont parlait Lloyd devint une priorité.